OUSTE LES BREBIS
GALEUSES !
Il y a deux jours, j’ai suivi avec attention la rediffusion de la rencontre entre le ministre
de la communication porte parole du gouvernement et les hommes de medias. Seul un imbécile ne comprendra pas que c’est une mise en garde. A lire entre les
lignes, on décrypte les menaces déguisées que profère Hassan Sylla Ben Bakary a l’encontre de ses collaborateurs d’hier. De ce que le ministre a dit, j’ai retenu une phrase. « Les
organes de presse doivent nettoyer leurs rédactions de brebis galeuses. » Bravo !!! Mais il y a un adage populaire qui dit « avant de demander à son voisin de balayer chez
lui, il faut d’abord balayer devant chez soi. »
Aujourd’hui, s’il y a un lieu où on doit faire le nettoyage,
c’est bien au sein du gouvernement de monsieur Nadingar.Il y a dans cette sotte engeance tellement de brebis galeuses que si l’on fait un ‘’deep cleaning’’ (nettoyage a fond) ; presque
personne ne survivra a un remaniement. Le comportement ou la liberté que se donnent certains journalistes qu’il déplore est l’une des conséquences du comportement inadmissible
de certains ministres.
Quelqu’un disait il n’y a pas longtemps que
l’actualité au Tchad est toujours commentée a chaud et abandonnée lorsqu’une autre se pointe. Cependant, permettons –nous de revenir sur des décisions qui ont défrayées la chronique au mois de
juin dernier.
Je voudrais parler des décisions du très tonitruant
ministre de l’interieur.Comment ne pas s’insurger contre un tel aboyeur ? Des énergumènes de ce type méritent t-il d’être au gouvernement ? Il n y a qu’au Tchad qu’on
peut jouer ainsi avec le sort des populations. Ce n’est pas par la force que viendra le changement tant voulu par ces mêmes individus qui ont entretenu la guerre au pays des
décennies durant. On peut changer l’image d’une ville tout en conservant son patrimoine. J’en veux pour preuve la très attrayante ville italienne de Venise. Cette dernière est mondialement connue
pour ses Motoscafo, Traghetto et autres Vaporeto.ces pirogues n’ont jamais gênée personne et sont l’une des raisons de la venue massive de touristes à Venise. Monsieur le ministre de la sécurité,
N’djamena est connue pour ses inondations. Il existe jusqu’aujourd’hui des quartiers où l’on utilise des pirogues en saison pluvieuses car sachez –le, même avec vos rutilantes
4X4, vous ne pouvez pas traverser un bouta. Que ferions-nous si d’aventure le Chari déborde. Vous allez sans doute avec panache nous trouver une solution. Avec
vous tout est possible. Je suis fils de pêcheur, petit fils de pêcheur et pêcheur moi-même et possesseurs de pirogues léguées par mes ascendants. C’est un patrimoine comme chez
les zaghawa, les chameaux. Je ne vous vois pas donner l’ordre aux policiers d’abattre ou de bruler vifs des chameaux. Pourquoi choisissez-vous les faibles pour leur faire la
guerre ?
C’est un sacrilège dans ma tradition que de bruler
une pirogue. Vous dites quelques parts que ceux qui ont des factures n’ont qu’à les présenter pour se faire rembourser par l’Etat les pirogues brûlées. Je suis sûr que votre, zèle vous poussera
un jour à déployer des flics pour exiger les factures et cartes d’identités de moutons et de chameaux.
Je ne voudrais pas perdre mon temps à vous faire une leçon de management. Je sais dorénavant
que vous n’y comprendrez rien. Vous semblez affectionner les formules vulgaires genre « on ne peut pas faire des omelettes sans casser les œufs » monsieur le ministre. Ce que vous
ignorez, c’est que vous utilisez de piètre manière ces formules ratant ainsi de bonnes occasions de vous taire.
Avant de débaucher les pêcheurs il fallait leur trouver une
alternative. Et pour ces kassalis, avez-vous prévu des buanderies municipales ? Vous êtes seuls responsables de toute l’insécurité qui sévit a N’djamena en ce moment. Vous
et votre gouvernement dans son ensemble. En empêchant aux citoyens qui triment pour vivre de leur labeur de vivre dignement, vous augmentez le nombre déjà très déplorable de brigands, voleurs,
braqueurs prostituées et de toute la racaille.
Aujourd’hui, le gouvernement n’a qu’une priorité, montrer a l’opinion
internationale que le pays se porte bien et se développe. Ils veulent ériger la capitale en plaque tournante. C’est ainsi qu’en leur temps, des cancres nommés maires de la ville par décrets ont
par des solutions bidons tenter de cacher la misère des riverains de grandes voies en leur intimant l’ordre de construire avec des matériaux durs des murs pour ne pas que les yeux des visiteurs
étrangers tombent sur les dour-dour et secko.Des pères de familles qui peinaient déjà a joindre les deux bouts furent forcé de dépenser leurs petites
économies ;pire s’endetter pour ériger ‘’des murs de lamentation’’ par peur de représailles.
Décidément, le mot honte n’existe pas dans le vocabulaire tchadien. Alors que samedi matin je lisais dans un article
qu’il y a la famine au Tchad et que cela menaçait de s’empirer ; et pendant que les fonctionnaires de l’Etat sont en grève, le soir de ce même samedi, je regarde a la télé le très dévoué
premier ministre tel un juge des tribunaux Gacaca (Gatchatcha, tribunaux traditionnels ayant pour rôle de juger les criminel du génocide Rwandais) prononcer des sentences contre
des fonctionnaires dits véreux.
Opération Cobra nous dit-on.Normal, comme il
y a encore des magistrats courageux qui refusent de condamner injustement des innocents, le premier ministre qui ferait n’importe quoi pour plaire au chef suprême juge et condamne lui-même les
coupables séances tenante. Des condamnations pour des miettes comparées au pillage en série des zaghawa. C’est une bonne chose que de récupérer les biens de l’Etat. Nous osons espérer que demain
le Cobra va mordre aussi les pillards qui gravitent autour du Président de la République et tiennent le pays en otage avec la complicité du peuple tchadien si
passif.
Guevara Ragilfall, artiste tchadien.