Cet entretien se passa à Léré, localité située au Sud-ouest du tchad, au bord du
Lac de même nom. Le président de la République y était en visite officielle.
— Tiens ceci, va le distribuer à ton peuple qui meurt de
faim, dit Kebzabo en tendant sa calebasse pleine de denrées alimentaires à Idriss Déby Itno.
— Merci, réplique IDI, toi au moins tu as quelque chose
pour tes frères! Moi, j'ai comme emblème, tu l'as toujours décrié, une kalachnikov avec laquelle je descends le premier qui ose, fais régner la terreur et me maintiens au pouvoir. Mon deuxième
emblème est la flamme qui me permet de mettre le feu partout, même dans les pays voisins.
— Ah, c'est bien que tu aies compris que ce n'est pas ce
qu'il faut aux Tchadiens !
— Allons exécuter un pas de gourna ensemble pour
manifester cette harmonie retrouvée.
— Oui, mais en dansant avec toi, tes enfants qui veulent
t'offrir ma tête vont inonder le net avec les images !
— Non, Kebzabo, ne tiens pas compte de tout cela: je
n'ai pas trouvé un politicien aussi malin que toi! Ça fait bien plus d'une vingtaine d'années que je cherche à te régler ton compte mais, chaque fois, tu glisses comme un silure ! Et puis, pour
mes enfants, sache que je n'ai encore rien dit à propos des 250 000 000 F CFA interceptés à Addis Abeba en partance pour Kigali. Je suis ici pour enquêter personnellement sur la popularité
de Me Padaré, cet enfant qui injurie les internautes, se fâche vite pendant les débats sur le blog de ce diable de Makaïla. Il est près à boxer tout le monde. Et tu sais que ma bien-aimée
Hinda veut d'une femme à la primature. Kadidja Sahoulba est sur sa liste. Me padaré a un comportement enfantin. Kadidja est une création de son amie Hinda. C'est ce qui lui a valu le titre de
députée. Kebzabo, excuse-nous pour avoir arraché ton troisième siège de Léré pour l'attribuer à celle-là. Me Padaré et Kadidja se seraient insultés ici comme des enfants!
— Ha, ha, moi, ce qui me préoccupe c'est la famine qui
ravage nos populations, mon président. Prends ma calebasse pleine de denrées alimentaires pour limiter les dégâts. Mais, songe à des élections libres et transparentes.
— Tu vois, ce geste, cette calebasse pleine de
denrées alimentaires que tu m'offres, confirme ce que je pensais de toi. Tout de même merci, dit IDI, et il se retourna vers Kababi :
— Fiston, récupère la calebasse de notre
ami-là.
— Ah, non, s'écria Kebzabo, ce monsieur n'est pas
sérieux en matière de commission.
— Quel monsieur ?
— Ton garçon, le président de ton Assemblée
nationale, celui à qui tu confies ma calebasse pleine de denrées alimentaires pour nos compatriotes.
— Qu'a-t-il fait pour mériter une telle injure ?
— T'as oublié, Déby ?
— Oui, j'ai oublié, Kebzabo. Tu sais, quand j'étais en
France, ce con de François Hollande m'a fait peur et je suis parti en catastrophe pour éviter un lynchage médiatique, sans finir la conférence pour laquelle j'étais allé. Dire que je suis allé en
France une semaine avant l'ouverture officielle de cette conférence! Kebzabo, la prochaine arrivée de Hollande à la tête de la France me donne de l'insomnie.
— Ha, ha, le président de ton Assemblée nationale a pris
ton argent destiné à la veuve du chef de Matta Léré avec la complicité d'un de tes ministres...
— Oublions tout et songeons à ce Hollande, Kebzabo.
N'as-tu pas un puissant féticheur pour le faire chuter et maintenir Sarzo qu'on peut envoyer au second tour contre Marine Le Pen ?
— Sarko encore?
— Mais, Kebzabo, Hollande me taille des
croupières.
— Dis-lui où se trouve Ibni Oumar Mahamat Saleh et il
arrêtera.
— Oh, je n'aime pas cette plaisanterie, s'irrita IDI.
Mais, c'est vous qui avez porté plainte, non?
— Ta Justice est à tes ordres! Elle n'avance pas sur le
dossier. En plus, c'est solennellement que tu as pris l'engagement de faire la lumière sur la disparition de notre compatriote Ibni Oumar Mahamat Saleh.
— T'es sûr de ce que tu dis? s'irrita encore
IDI.
— Voyons, l'atmosphère est gaie entre nous! C'est
rare, ne gâtons pas la fête. Tu as vu..., fit Kebzabo en pointant du doigt le public.
— Vu quoi?
— Vu qu’ici, tes kalachnikovs et tes oriflammes
sont rares, preuve que les gens ici n'aiment pas les bruits, non ? Si tu commets des gaffes, ça aggravera ta situation devant Hollande. Alors oublie la colère. Alors allons au gourna.
— Merci de m'avoir donné de précieux conseils,
Kebzabo!
Ils se séparèrent arès avoir dansé le gourna.
VOURBOUBE Pierre" <vourboubepierre@yahoo.fr>