Les associations françaises au FSM de Dakar pour la liberté de circulation

« Nous lançons un signal fort à Frontex et à toute l’Union européenne pour leur dire : halte à cette politique migratoire qui est injuste, inéquitable ! », commente Makaila Nguebla, blogueur, militant des droits de l’homme et signataire de la Charte mondiale des migrants

Des associations françaises, dont le Secours Catholique, traitent de la libre circulation des personnes, lors du Forum social mondial (FSM) à Dakar. Elles y ont présenté des propositions.

« Lorsqu’on évoque la liberté de circulation, la question qui se pose est celle des frontières, des visas et surtout de la militarisation des frontières par l’Union européenne. L’UE fait du chantage à travers les accords de partenariats économiques afin d’obliger les pays à militariser leurs frontières pour empêcher les gens de venir en Europe », explique Gustave Massiah, membre du réseau Initiatives pour un autre monde (Ipam) et membre du conseil international du Forum social mondial.

Passeport universel. À partir des ateliers réalisés sur ce thème dans le cadre du FSM, dont les ateliers du Secours Catholique, des associations françaises ont présenté, jeudi 10 février à Dakar, des propositions pour accéder à la liberté de circulation des personnes. « Il nous semble important de mettre en place des initiatives internationales innovantes, avec l’organisation d’une conférence internationale sur la liberté de circulation, la création d’un passeport universel qui permette la circulation des personnes », expose Jean Rousseau, président d’Emmaüs International.

Mobilisation. Les associations proposent également d’intensifier l’information et la sensibilisation sur la liberté de circulation et les droits des migrants et de faire obstacle aux politiques répressives. Par ailleurs, elles souhaitent « activer les différents leviers de saisie des Nations unies pour promouvoir la libre circulation. » L’une des propositions phares reste la lutte contre les accords qui conditionnent l’aide au développement aux contrôles migratoires et la valorisation des pratiques de bonnes gouvernances. Les organisations parties prenantes, dont le Secours Catholique, « s’engagent à travailler de manière concertée à la réalisation de ces propositions, selon leurs capacités d’implication et de mobilisation respectives. » Un point d’étape de la mobilisation sera opéré au prochain FSM. 

Manifestation. Au matin de cette assemblée, des centaines de participants au FSM, rejoints par des Sénégalais, avaient manifesté dans les rues de Dakar pour réclamer la libre circulation des personnes. Parmi les manifestants, de nombreuses associations françaises : la Cimade, le réseau Des ponts pas des murs, dont le Secours Catholique fait partie. Ils étaient entre 500 et 1 000 à marcher en direction de Frontex, Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures. « Cette marche et ce sitting contre Frontex sont une manière de dire qu’empêcher la libre circulation des personnes coûte plus cher. Arrêtez donc de dépenser de l’argent en expulsant les gens. Utilisez plutôt cet argent à permettre la libre circulation des personnes. La mobilité humaine fait partie intégrante de l’être humain. L’empêcher, c’est empêcher tout progrès dans le monde », s’exclame Jelloul Ben Hamida, coordonnateur de la Charte mondiale des migrants qui a été signée vendredi 4 février à l’Île de Gorée. Devant l’agence Frontex, les militants s’assoient tandis qu’un groupe passe parmi eux avec une longue banderole. Sur celle-ci, 14 000 noms de migrants décédés au cours de leur migration depuis 1993. « Nous lançons un signal fort à Frontex et à toute l’Union européenne pour leur dire : halte à cette politique migratoire qui est injuste, inéquitable ! », commente Makaila Nguebla, blogueur, militant des droits de l’homme et signataire de la Charte mondiale des migrants.

Clémence Richard

Source: http://www.secours-catholique.org/actualite/les-associations-francaises-au-fsm-de-dakar-pour-la-liberte,8796.html