Distinguons bien les mosquées des voies publiques et des marchés
Par Vourboubé Pierre
Mak, Tchadi est encore revenu. Hassane abdoulaye Almansour est venu, tard dans la nuit, alors que j’avais déjà quitté le
cybercafé, donner aussi son point de vue sur notre débat autour de l'occupation des avenues à des fins personnelles. L'écrit de ce dernier a suscité beaucoup de réactions. Félicitons ces
deux parce que, et c’est mon avis, le débat les passionne vraiment. Sinon, qu’ils veuillent bien nous excuser de ce jugement hâtif. Regrettons les injures de certains et demandons à ces bloggeurs
de faire preuve de maturité d'esprit en demeurant sobres et en montrant qu'ils ont les arguments nécessaires pour ce genre de débat. Il me semble que beaucoup ont pris le train en marche. Mais,
que tous retiennent que notre discussion part d’un constat et nous nous répétons : les vendredis, à N’Djaména, la circulation devient pénible sur certaines voies parce que les gens les
utilisent pour leur mariage ou pour la prière. Et puis, le savoir-vivre ensemble prend un coup lorsque certains entravent la liberté de circuler des autres. Et puis encore, le savoir-vivre impose
qu’on se rende compte qu’on perturbe les autres et met leur vie en péril en les poussant à des grands détours lorsqu’on utilise une avenue pour sa prière ou une parade suite à son passage à la
mairie. Parmi les gens qui prient sur les avenues, on recense des juristes, des élus du peuple, des membres du gouvernement, des agents des forces chargées du maintien de l’ordre, des dirigeants
de la société civile, bref des gens mieux outillés pour le faire comprendre aux autres. Hélas, ils s’y jettent et les occupent pour leur prière aussi !
Autrement dit, dans la logique, on n’a pas besoin de faire comprendre à nos frères musulmans qu’occuper les voies publiques
pour la prière entrave la liberté de circuler des autres. A mon humble envie, ils devraient le comprendre spontanément et adopter le profil bas en vue de trouver une solution à cette entrave à la
liberté des autres. Avec les définitions ci-dessous, tout est clair dans nos esprits.
Quant à la construction des mosquées, on remarque que mille personnes peuvent bâtir chacune une devant sa maison. Mais,
elles sont incapables de s’entendre pour un sanctuaire plus grand, pouvant résoudre un problème, capable de renforcer la cohabitation pacifique. Et s’il faut collecter des fonds, les musulmans de
N’Djaména en ont les capacités. Nous voyons comment ils dépensent chaque jour dans ces lieux insensés, ces capharnaüms qui pullulent dans Moursal, Chagoua, Paris-Congo et autres quartiers du sud.
Par ailleurs, je ne sais plus qui a dénoncé les détournements des fonds saoudiens destinés à la construction d’une mosquée plus grande dans N’Djaména.
Je n’ai jamais dit que la construction d’une mosquée relève de la compétence de l’Etat. J’aurai demandé que ce dernier
bâtisse aussi des églises et les autres lieux de culte animiste.
Je m’époumone à faire comprendre à Tchadi que la manière dont les Blancs interprètent les choses ne me regarde pas. Il ne
m’écoute pas et s’efforce à me faire dire des choses que je n’ai pas dites ! Me comparer à Sarko et ces Suisses qui interdisent la construction des nouvelles mosquées ? Quel sinistre
honneur ! Cette comparaison est totalement déplacée et me démontre combien on fuit le débat. Oui, rien ne rapproche de ces gens-là. J’essaie simplement d’amplifier ce que beaucoup de
Tchadiens murmurent : il ne faut pas entraver la liberté de circuler des autres en occupant les voies publiques pour les prières du vendredi. Alors faut-il encore poursuivre quand on compare
les mosquées aux avenues et refusent d’occuper les autres espaces publics pour faciliter la circulation aux autres ? Une mosquée demeure une mosquée, un sanctuaire consacré au culte musulman. Une
voie publique reste une voie publique, un espace aménagé à parcourir pour aller quelque part. Un marché est un marché, un lieu public de vente de biens et de services. Tous ces endroits sont bien
distincts et ne souffrent d’aucune confusion.
Et comment qualifier le fait qu’un chrétien exhibe sa bible ou porte sa croix ? Ne sont-ils pas des signes
ostentatoires de son christianisme ? « Notre foi qui se délite » s’adresse aussi bien aux chrétiens qu’aux musulmans, pensais-je. Parce qu’au début, nous avons aussi parlé de
l’occupation des voies publiques après les mariages. Les chrétiens comme les musulmans commettent le mal dans ce pays, croyais-je encore.
Alors, il me semble qu’une relecture de nos deux chroniques sur la question s’impose et notre ami comprendra que nous
posons un problème réel. Il faut aussi que Tchadi revisite la réaction d’un chrétien suite à notre chronique du vendredi. Il y trouvera, et nous l’avons révélé hier, des éléments édifiants, la
condamnation de cette occupation des avenues pour les prières du vendredi.
J’ai cru comprendre que les prières sur les voies publiques sont aussi officiées par des imams ! En plus, lors d’un de
ses séjours ici, Kadhafi a bien prié à l’hippodrome avec nos frères musulmans ! Pendant les fêtes musulmanes, fin de ramadan, tabaski, anniversaire de la naissance du prophète, dans
certaines villes, les cours des écoles, les espaces vides et les terrains de football sont utilisés parce que les mosquées ne peuvent pas contenir tout le monde ! A ces occasions, ce sont
bien des imams qui officient les prières, non ?
Dans les écoles où les vendredis les enfants bloquent les cours à cause de la prière, il y a au moins quatre heures par
mois de manque, soit plus trente-six heures pour toute la durée de l’année scolaire, sur la base des neuf mois que durent les cours… Cela ne tient pas compte de la laïcité de l’Etat. Là, c’est
tout le monde qui subit les conséquences. Il faut peut-être décréter les vendredis chômés et travailler plutôt les samedis.
Moi, je pense qu’il faut davantage consolider cette paix en libérant les voies publiques pour la circulation car il n’est
pas normal que la liberté des uns (prier) entrave celle des autres (circuler). Je n’interdis ni mosquée, ni minaret, ni le port de voile. D’ailleurs, Je n’en ai pas la
possibilité. C’est en admettant que certains utilisent, même en moins de trente minutes, les avenues pour contraindre les autres à des détours périlleux qui mettent leur vie et celles des autres
en danger qu’on menace vraiment cette cohésion sociale.
Pour les congés à dominance chrétienne, suscitez le débat et faites des propositions à l’assemblée nationale. C’est la
conséquence du copier coller après notre indépendance. Autrement dit, à mon avis, nous avons tout admis des Blancs sans une analyse sérieuse de la situation. Je ne suis pas d’accord qu’on arrête
les cours pendant une dizaine de jours alors que nous avons de la peine à parcourir la moitié de nos programmes scolaires. Mais, je suis persuadé que cela posera aussi les jours fériés des fêtes
musulmanes. Je suis aussi d'avis qu'il faut critiquer l'occupation des voies publiques pour les funérailles et autres préoccupations personnelles. Dans tous les cas, nos parlementaires sont
interpellés.
Pour finir, je crois que la réaction d’Abtouyour est édifiante et interpelle tout le monde. Mak, demain, j’aborderai un
autre sujet pour faire évoluer le débat.