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Makaila, plume combattante et indépendante

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Bachar Ali Souleymane : Le « médiocrate » de la République

Bachar Ali Souleymane
Le « médiocrate » de la République


Mis au placard après son limogeage du gouvernement en février 2013, l'ex-général vient d'être catapulté au poste de médiateur. Est-il celui que les Tchadiens attendaient à ce poste ?

C'est devenu une spécialité du président Déby de bombarder des titres importants des gens moins importants. Pour remplacer Abderahman Moussa à la Médiature de la République, le prince du Palais rose n'est pas allé chercher en dehors de sa cour où fourmillent courtisans, laudateurs, saltimbanques... C'est ainsi que le matin du 7 juin
dernier, il a tiré parmi eux, Bachar Ali Souleymane, l'ancien ministre de l'Administration du Territoire, connu pour être l'un de ses amuseur particuliers pour faire de lui le nouveau médiateur de la République. Bachar Ali Souleymane devient de ce fait la troisième personnalité à occuper cette haute fonction républicaine, après Djimasta Koïbla et
Abderahman Moussa, depuis sa création en 2004.

Pourquoi ce médiocrate authentique du régime au lieu d'un autre tchadien bien côté quand on connait la grandeur de la mission du médiateur de la République avec les qualités qu'elle exige ? Vu l'évidence, on peut affirmer sans ciller l'oeil que l'ancien directeur général de la Police nationale n'est pas moralement et intellectuellement la personne la mieux indiquée pour briguer ce poste. Car Bachar trimbale un paquet d'histoires qui lui ôtent tout crédit pour l’accomplissement de cette tâche qui, il faut le répéter, demande de la hauteur et de la blancheur.

Rixe

Mise au placard après son limogeage de février 2013 de l'Administration du Territoire et de la Décentralisation, avec l'autre faiseur de sarabande, Ahmat Mahamat Bâchir, ci-devant ministre de la Sécurité publique et de l'Immigration, Bachar Ali Souleymane n'était, depuis cette date, plus qu'un vilain souvenir, un mauvais ancien ministre. Car à la suite de l'assassinat de Mahamat Oumar Abakar, le 1er février 2013, au commissariat du 3ème Arrondissement, par des gens bien armés, Bachar et Bachir ont été accusés d'avoir grossi l'effectif de la Police nationale en y intégrant leurs proches... Et ce, justement pendant que le premier en était le directeur général, et le second le ministre de la Sécurité publique. Conséquence, l'effectif de la Police nationale a été soumis à un contrôle drastique qui a mis 1446 policiers sur le carreau... D'autres sources ajoutent que, en
voulant justifier, chacun, son forfait, les deux baroudeurs qui ne ménagent guère leurs neurones en pareille circonstances se seraient livrés à une rixe digne de la que devant l'intolérable Premier ministre d'alors, Joseph Djimrangar Dadnadji, qui a décidé de leur
renvoi inconditionnel de son gouvernement. Aussi, Déby qui les a gratifiés de titres de généraux n'a pas attendu pour les en déchoir.

Négociateur que l'excédant Idriss Déby Itno lui croit, avec son regard de fauve et sa barbe éparse, Bachar ne l'est pas plus qu'il est brutal. Les étudiants de l'Université de N'Djamena de l'époque gardent encore les douloureux souvenirs du déchainement des policiers sur eux sous les ordres d'un certains général Bachar. Aujourd'hui, on tente de
le présenter comme n'étant plus ce répresseur en chef très redouté il y a trois ans, alors que les faits sont là, têtus.


Compétences


Et puis, en dehors de ses fonctions de sous-préfet, de député et d'ancien ministre qu'il a exercées, on ne lui reconnaît pas à Bachar, une quelconque compétence intellectuelle. Car des diplômes dans le sens universitaire du terme, ce ressortissant de Moussoro n'en a point. Or, si on plonge dans les différentes fonctions du médiateur de la République, il, est, précisément, chargé d'améliorer, par son action, des relations des citoyens avec l'administration. Il s'agit ici des questions sensibles concernant la préservation des droits
inaliénables et les devoirs irréductibles des citoyens. De par son titre d'autorité administrative indépendante (en principe), le médiateur de la République intervient dans les litiges qui les opposent en tentant de proposer, aux uns et aux autres, des solutions
de règlement amiable de leurs différends. Sa compétence est étendue et engloble l'activité des administrations de l'Etat, des collectivités locales, des établissements publics, det des organismes chargés d'une mission de service public. Pour assumer avec succès ses missions, le médiateur doit être indiscutablement un fin connaisseur de
l'administration, à la fois théoriquement et pratiquement. Et ça, Bachar y perd son latin.

Même si « on » essaie de recoller quelques morceaux de son passé inconnu de l'ensemble des Tchadiens pour lui donner une image d'un véritable médiateur de la République, il faut dire tout ne t que Bachar Ali Souleymane ne l'est pas à ce titre.

Pari

Les fonctions du médiateur de la République impliquent également que ce dernier ait une capacité d'écoute bien développée, caractérisée par une neutralisation sociale, administrative et politique.
Malheureusement, il est fort à parier que, vu ses conditions de nomination (par décret présidentiel), ses accointances avec le régime (il est Mps), son irascibilité (il est intraitable quand il s'emporte), ses attaches géopolitiques (il est népotisme...), Bachar
ne puisse pas conduire la médiature comme les Tchadiens le souhaitent.

Il ne faut pas non plus attendre grand-chose de ce médiateur de la chapelle des généraux-éleveurs. Car, aujourd'hui plus qu'hier, le conflit agriculteur-éleveurs qui est devenu une hydre à plusieurs têtes l'est à cause de la race de cadres de son acabit qui le
compliquent davantage par leur envie insatiable du pouvoir et du matériel et qui n'ont cure ni de la justice des hommes ni de celle de Dieu.

Comme on peut le voir, les défis sont donc grands et nombreux par le nouveau médiateur de la République. Le maçon Bachar, les Tchadiens t'attendent au pied du mur.

Mbaïdang Yanbouné et Fernand Fexaude
Journal La Voix n°0258 du 23 au 30 juin 2014

Bachar Ali Souleymane : Le « médiocrate » de la République
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