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Makaila, plume combattante et indépendante

Makaila.fr est un site d’informations indépendant et d’actualités sur le Tchad, l’Afrique et le Monde. Il traite des sujets variés entre autres: la politique, les droits humains, les libertés, le social, l’économique,la culture etc.

Congo B, Djibouti, Tchad - Lettre à Ue - Politique européenne et processus électoraux sans démocratie en Afrique en 2016

Congo B, Djibouti, Tchad - Lettre à Ue - Politique européenne et processus électoraux sans démocratie en Afrique en 2016

Au Tchad, Idriss Déby a à son palmarès depuis 1990, 4 présidentielles, 3 législatives, et 1 référendum pour supprimer la limitation à 2 mandats présidentiels de la constitution. Il est reconnu comme un spécialiste de la désorganisation de l’opposition, de la substitution des Procès Verbaux et du vote multiple. Il a maintenu le processus de démocratisation et de construction de l’Etat de droit à son point de départ. Les conditions d’un démarrage de processus électoral, liberté d’expression, liberté de la presse, liberté de s’organiser pour l’opposition, n’ont jamais été accordées. Après la suppression du nombre de mandats en 2005, les rébellions se sont multipliées, compliquant encore la poursuite du processus de démocratisation.

 

L’Accord politique en vue du renforcement du processus démocratique au Tchad’ du 13 août 2007 portant sur l’organisation des élections, soutenu par Union européenne[18], n’a jamais été appliqué[19]. En éliminant physiquement l’un de ses principaux opposants, Ibni Oumar Mahamat Saleh, alors porte parole de la Coordination des Partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC) en février 2008, Idriss Déby a montré jusqu’à quelles extrémités il pouvait aller.

Après le report des législatives de 2015, pour la présidentielle de 2016, Idriss Déby a accepté une partie de l’accord de 2007, à savoir l’introduction de la biométrie électorale. Le Tchad n’a pas échappé à une entreprise française proche de l’armée française depuis l’élection en Côte d’Ivoire en 2010, Morpho. Cette biométrie a permis d’améliorer le fichier électoral, et devrait permettre les 10 avril et 9 mai de limiter les votes multiples. Des ministres et des dirigeants d’entreprises publiques et privées ont été mobilisés pendant le recensement et ont distribué de l’argent. Selon le chef de file de l’opposition, Saleh Kebzabo, 200 000 mineurs ont dû être ensuite enlevés du fichier, et des fraudes ont été organisées à l’aide de faux certificats de naissance. Des réfugiés soudanais et centrafricains ont été enrôlés, à l’intérieur ou à l’extérieur des camps de réfugiés du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR)[20]. La population de plusieurs régions a été gonflée. Après qu’une une clause du contrat de Morpho n’ait pas été respectée concernant l’authentification biométrique pendant la distribution des cartes biométriques, un conflit persiste au niveau de la biométrie.

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) est totalement acquise au président. La presse libre n’existe quasiment pas et les media publics font campagne pour lui. Le parti au pouvoir, le Mouvement patriotique du salut (MPS) et l’armée contrôlent l’administration. De faux petits partis ‘alliés’, plus de cent, sont financés pour communiquer vers l’étranger. Idriss Déby a par ailleurs réussi à se faire adouber comme président de l’Union africaine.

Après 25 ans de pouvoir, la population ne supporte plus Idriss Déby[21]. Il n’a jamais autorisé les manifestations, et a laissé a plusieurs reprises ces derniers mois l’armée tirer sur des manifestants. Le 23 février, la marche organisée par les partis politiques a été interdite et Idriss Déby a sorti dans les rues de Ndjaména la Garde nationale et nomade, alors que des dizaines de milliers de lycéens s’apprêtaient à rejoindre la marche. Le lendemain, la ‘ville morte’, synonyme de grève générale, organisée par le collectif Cà suffit ! a connu un succès visible, inédit. En outre, le président est malade et fait des allers-retours entre l’hôpital américain à Paris (Neuilly) et le Tchad, ce qui accentue le rejet d’un cinquième mandat. Une mascarade électorale de plus sera difficilement supportée. Pour la communauté internationale, le Tchad ne peut plus être considéré comme un réservoir de mercenaires silencieux.

 

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