10 Décembre 2007
Tchad : Le Président Sarkozy pourrait faire mieux. Par Dr Djimé Adoum, tchadnews.info
Voyons ensemble la signification de ce que le rais français a dit au Président Kagamé du Rwanda lors du sommet Europe-Afrique de Lisbone : « Nous n'avons pas toujours su prévenir ou arrêter des drames innommables. Je pense au Rwanda et à son génocide qui nous oblige à réfléchir, France comprise, à nos faiblesses ou nos erreurs. » Le Président Nicolas Sarkozy lors du Sommet Europe-Afrique de Lisbone.
Peut-il aider à ce que cela ne se reproduise pas au Tchad ?
Mettons d’abord les choses dans leur contexte historique au Tchad tout en nous référant à ce qui se passe en ce moment dans le pays des Sao. Il n'est pas du tout hazardeux de rappeler que le Mps, parti-état, n'avait aucun projet de société ou de programme de gouvernement à son arrivée au pouvoir. Ceux qui se sont accrochés au pouvoir ont tout simplement mis à sec le pays. Ceux-là n'ont peur ni du Dieu Tout Puissant, ni d'un mécanisme physique qui devait forcer les malfaiteurs à répondre de leurs actes.
La déclaration de "ni or ni argent" n'a servi à rien. La promesse de mettre fin à la kermesse du désordre n'était qu'une manière intelligente de recycler les aventuriers. Ils sont tous là et broutent en toute quiétude. Le président Deby a diligenté l'ancien président Lol Mahamat Choua, Abdoulaye Lamana, Mahamat Saleh Ahmat (Tibek), Moustapha Ali Alifei dans les capitales occidentales pour les convaincre de supporter le projet pétrolier au motif que ses revenus serviraient à lutter contre la pauvreté. Le pétrole a coulé depuis septembre 2003 et au lieu que la lutte contre la pauvreté s'intensifie, c'est la dilapidation tous azimuts des recettes. C'est à partir de ce moment que la corruption s'est accentuée entrainant le pays dans le sous développement. Le Tchad fut perçu et classé parmi les pays les plus corrompus du monde. Il y figure toujours et se trouve aussi parmi les pays les plus pauvres de la planète (Banque mondiale, ONU, Transparency International, MCA).
La promesse de faciliter une transition pacifique même si le président Deby bénéficiait d'une majorité absolue au parlement était un somnifère. L'article 61 est modifié et le reste est bien connu. La guerre commence, les citoyens ne savent pas à quel diable se vouer, les partis politiques et la société civile s'indignent. Rien à faire. Les mercenaires ukrainiens sont engagés, les rafles battent leur plein et le pays descend progressivement dans des ténèbres jamais imaginées.
Les bilans macabres les plus inimaginables issus des combats entre l’UFDD du Géréral Nour, le RFC de Timan Erdimi, et le FSR-FPRN du Colonel Kougou et l’Ambassadeur Soubiane et les forces gouvernementales font la une des journaux. Les familles tchadiennes sont endeuillées. Peu importe le camp auquel les morts appartiennent, c’est du sang tchadien qui coule. Cet état de choses est intenable et il faudra trouver une voie de sortie.
Les tchadiens de tout horizon ont crié haut et fort qu’il faudra un dialogue de paix pour sortir le pays de l’enfer. Le president Deby refuse et continue d’être soutenu dans sa logique de destruction tous azimuts par ses ministres, en l’occurrence Alla-mi, Doumngor et le premier ministre Coumakoye, par les mercenaires ukraniens et naturellement par le parapluie que lui accorde l’armée française. Pour ce qui est de ses ministres, voici ce qu’ils disent par rapport au Soudan, Erdimi et les escarmouches qui ont eu lieu à Tissi entre les forces gouvernementales et celles du Colonel Kougou et de l’Ambassadeur Soubiane.
Le ministre des relations extérieures continue dans sa diversion en accusant le Soudan. Le premier ministre entonne que c’est Timan Erdimi qui est parti de lui-même et qu’il ferait mieux de revenir à Ndjamena. Nous savons aussi que des mercenaires ukrainiens sont à la solde du régime (Radio France internationale). Les hôpitaux sont bondés de blessés tandis que les morts sont laissés sur le flanc des collines de l’Est tchadien (images sur TV5). Les places mortuaires ne sont plus à compter. Le communiqué du Fédéraliste Yorongar nous informe que les raffles ont repris de plus belle. En d’autres termes, les enfants tchadiens ne peuvent pas aller à l’ecole mais plutôt sont envoyés mourir dans une guerre qui n’a pour seul but que de maintenir le président Deby au pouvoir avec ses ministres Allam-mi, Hourmadji Moussa Doumngor, Adoum Younousmi et le premier des ministres Kassiré Coumakoye, et quelques autres aventuriers.. Il y en a tellement qu’il ne sert à rien de les compter. L’assemblée n’est nationale que de nom et ne lève pas le petit doigt devant tant de gâchis... !
Entretemps, l’Union Européenne se lamente du fait que le déploiement de ses forces risque de trainer et que cette force ne pourra pas venir à temps pour aider dans la résolution de la crise du Darfour. Ce qui se passe au Tchad ne les préoccupe pas du tout. L’Union Africaine, par l’entremise du Président de sa Commission, le Professeur Alpha Oumar Konaré, préfère emboucher le haut parleur de M. Allam-mi pour accuser le Soudan au lieu de proposer des voies de sortie de crise aux tchadiens. C’est comme si l’Union panafricaine voulait tout simplement nous dire que ses dirigeants sont vraiment fatigués des incohérences de dirigeants ou du manque de dirigeants tchadiens. Que le Tchad meure ou puisse fournir de l’emploi aux ukrainiens c’est l’affaire des tchadiens.
De tout ce qui précède, nous pouvons conclure que le monde n’a que du mépris pour le peuple tchadien du fait de nos inconséquences. Vous voyez aussi à quel degré Hourmadji Moussa Doumngor, Allam-mi, Younoussmi et le premier ministre Coumakoye se moquent du reste des tchadiens ? Ceux-là ne parlent pas du tout des ukrainiens….
Pour ce qui est de la France, le Président Sarkozy reste muet par rapport au drame tchadien. Le fera t-il quand les Tchadiens auront fini de se tuer ? Nous nous rappelons bien du rôle mitigé de la France dans le drame du Rwanda. Bien que les prédécesseurs du Président Sarkozy ont essayé ou évité de parler de leur rôle au Rwanda, le rais francais trouve le Président Kagamé à Lisbonne lors du sommet Europe-Africque, le rencontre en aparté et déclare ceci : "Nous n'avons pas toujours su prévenir ou arrêter des drames innommables. Je pense au Rwanda et à son génocide qui nous oblige à réfléchir, France comprise, à nos faiblesses ou nos erreurs." C’est très courageux pour le rais français de reconnaître ne serait-ce qu’en partie que des erreurs monumentales ont été commises dans le drame du Rwanda et sa France n’échappe pas aux critiques.
Cette déclaration est à saluer. Les pénibles leçons doivent aider le rais français à mieux se pencher sur le problème tchadien et d’y apporter sa contribution pour éviter qu’un jour un autre rais français soit contraint de situer la responsabilité de la France dans le drame tchadien.
Tous les tchadiens veulent un dialogue de paix inclusif duquel sortira une series de recommendations pour la mise en place d’une transition. Cette transition permettra au gouvernement de remettre à niveau quelques secteurs clés, de confectionner des outils de suivi et de contrôle pour assurer une gestion saine et l’utilisation rationnelle des ressources en fonction des besoins des populations. Cette transistion permettra aussi aux tchadiens de s’organiser et de participer dans des élections libres et transparentes pour faciliter et assurer l’instauration d’une démocratie réelle et un développement socio-économique durable. Le Président Sarkozy, le peuple français, la France auront beaucoup à gagner avec un Tchad en paix maintenant des relations privilégiées avec la France. L’heure est venue de commencer à créer les conditions de ce Tchad paisible et la France peut certainement beaucoup y contribuer.