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27 Mai 2008
Jean Pierre Bemba écroué : Précedent dangereux pour Idriss Deby, le capitaine Nour et le Général Miskine.
M. Jean Pierre Bemba est un senateur Congolais et leader du Mouvement de Libération du Congo (MLC), il s’était exilé en avril 2007 au Portugal à la suite des événements meurtriers qui ont opposé sa garde rapprochée à l’armée congolaise.
De passage à Bruxelles, l’ancien –Vice-Président de la République du Congo Démocratique (RDC) a été arrêté par les juridictions belges à la demande de la Cour Pénale Internationale (CPI). Elle lui reproche des crimes commis par ses combattants dans les années 2002 /2003 lorsqu’il avait prêté mains fortes à l’armée centrafricaine en apportant son aide au Président Ange Félix Patassé.
Il s’agit de la première arrestation dans le cadre de l’enquête sur la République centrafricaine du procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo.
Les organisations centrafricaines de défense des droits de l’homme accusent les troupes de Jean Pierre d’avoir appliqué une stratégie de terreur et de violences sur des populations civiles marquée notamment par des viols sur des femmes et des pillages de leurs biens.
S’il faut ramener ce débat dans le conteste tchadien et sous régional, on peut dire que l’arrestation de Jean Pierre Bemba est un précedent dangeureux pour des dirigeants africains encore en exercice ou déchus, mais,aussi pour les seigneurs de guerre traqués par les juridictions pénales internationales.
C’est dans cette optique, qu’il convient de dire qu’au moment où les troupes de Jean Pierre Bemba intervenaient aux côtés de l’armée centrafricaine, Idriss Deby, a pour sa part, soutenu les rébelles du Général François Bozizé, lequel à l’époque opérait à partir du
nord-centrafricain, et avait pour base arrière le Tchad. L’armée tchadienne en l’occurrence des hauts cadres avaient participé militairement au renversement du pouvoir du Président Ange Félix
Patassé, légitimement élu par son peuple et dont les rapports avec la France s’étaient dégradés considérablement d’où la nécessité impérieuse de
Paris de le déboulonner.
Dans la même lancée, on peut se souvenir du capitaine Mahamat Nour Abdelkerim, leader du Front Uni pour le Changement (FUC). Son nom est cité dans
plusieurs rapports de Human Rights Watchs (HRW) qui l’accuse d’avoir contribué aux exactions commises dans le Darfour. L’organisation américaine de
défense des droits de l’homme a introduit, selon nos informations une réquête pour instruction auprés de la CPI.
Par ailleurs, la Fédération Internationale pour la défense des droits de l’Homme (FIDH), quand à elle, accuse le Général Abdoulaye Miskine, leader de
l’Union des Forces Démocratiques pour le Rassemblement (UFDR), mouvement d’opposition politico-militaire centrafricain. Elle l’incrimine pour des actes cruels et de barbarie à l’encontre des
citoyens Tchadiens vivant en Centrafrique à l’époque de l’insurrection militaire de 2002 /2003.
Aujourd’hui, il convient de dire que l’arrestation de Jean Pierre Bemba donne une lueur d’espoir à ses présumées victimes, soulage les défenseurs des droits de
l’homme dans la lutte contre l’impunité. Mais, il est permis de constater qu’aux yeux de certains observateurs avertis que les atteintes réccurrentes
des droits de l’homme au Tchad sous le régime d’Idriss Deby désintéresse les organisations africaines et internationales investies pour cette cause. Elles refusent résolument d’ouvrir le volet des violations de l’homme et autres délits dont le régime de Ndjaména est
auteur et complice à travers le monde.
C’est pourquoi, l’opinion publique tchadienne a le préjugé que les organisations de défense des droits de l’homme sont politisées et roulent généralement pour leurs propres intérêts sans être animées d’une réelle conviction pour la défense des droits de l’homme moins encore pour sa promotion au Tchad.
Pour démontrer le contraire, elles doivent s’attéler à soutenir l’épouse du Dr Ibni Oumar Mahamat Saleh, ses enfants et d’autres victimes anodines d’Idriss Deby dans la recherche de la vérité.
Pour conclure, il est fortement recommandé au capitaine Mahamat Nour Abelkerim et son ami le Général Abdoulaye Miskine, qui, présentement se trouvent tous deux à Tripoli (Libye) d’éviter de voyager vers des pays européens où ils sont dans les collimateurs des juricdictions pénales, sous dépôt des mandats d’arrêts internationaux et surveillés par l’interpôle.
Notre recommandation s’adresse aux défenseurs des droits de l’homme que la lutte contre l’impunité ne doit souffrir d’une démarche sélective.
Le cas du Tchad est une réelle préoccupation et doit être une priorité comme la situation au Zimbabwé, au Darfour et autres cieux.
Par Makaila Nguebla