9 Juin 2008
La situation de guerre que connaît notre pays depuis des années a entraîné une généralisation de la corruption. Celle-ci est maintenant érigée en système à
tous les niveaux de la société, depuis les individus et jusque dans les instances publiques. Celui qui refuse de se laisser entraîner dans cet engrenage risque alors d’être exclu de toute
responsabilité.
Les postes importants de l’administration ou de commandement sont dévolus de plus en plus, par complaisance, à des personnes incompétentes, affectées sans prise en considération de la formation
ou de l’expérience antérieure. Les services de la douane, de la gendarmerie et des forces armées, ainsi que les circuits commerciaux tendent à être monopolisés par des groupes qui agissent en
fonction de leurs intérêts personnels au détriment du bien du pays, et cela sans que personne n’ose réagir. Les instances judiciaires elles-mêmes, par les pressions qu’elles subissent et la
corruption qui les atteint, à part quelques magistrats héroïques, sont de plus en plus dans l’incapacité de rendre justice. Les droits humains les plus élémentaires, et d’abord la dignité de
toute personne humaine, surtout la plus faible, sont bafoués en toute impunité et sans aucun recours possible.
Face à cette situation, de nombreux Tchadiens sombrent dans l’alcoolisme ou la déprime, d’autres prennent le chemin de l’exil. La société civile, faute
d’organisation et de stratégie réfléchies, perd la parole et ne parvient plus à proposer des solutions.
De nombreux partis politiques, souvent pris au piège de la compromission, privés d’une réelle culture démocratique, sont réduits à de la figuration. Ils tombent dans une léthargie dont les
conséquences pour la communauté nationale sont graves. D’autres réagissent en suscitant de nouveaux groupes de rébellion qui prennent les armes à leur tour, et c’est la spirale de la discorde, de
la violence et des guerres avec tout ce qui s’ensuit.
Des milliers de personnes sont obligées de quitter les zones d’insécurité et contraintes de se déplacer loin de chez elles. Et n’oublions pas les enfants qui sont les plus grandes victimes
innocentes de tous ces drames. La violence et la guerre ne cessent de produire des ravages humains et matériels, la perte du sens moral et de la valeur de la vie humaine. Les populations
s’enfoncent dans la misère, dans un pays pourtant richement pourvu en pétrole et autres minerais intéressants dont l’exploitation rationnelle, concertée, juste et équitable, pourrait contribuer à
entraîner une sérieuse réduction de la pauvreté.
Source: engagementchretien.free