12 Août 2008
Nous venons de fêter l’anniversaire de l’accession de notre chere patrie à l’indépendance. Une indépendance que le Tchad n’a jusque là pas connue, marquée par l’absence totale de la souveraineté de ce pays.
Car après presque 50 années, le Tchad se trouve l’un des pays les plus arriérés de la planète avec une forte présence militaire française sous différentes formes : base militaire, coopération militaire, Epervier, Eufor, etc…
En réalité les troupes françaises n’ont jamais quitté le Tchad même si on tient compte du fait qu’elles étaient venues à la demande du Tchad à l ‘époque de Hisseine Habré parce qu’il y aurait eu une agression extérieure.
Néanmoins, depuis la fin des années 80, il n’y a plus d’agressions extérieures (si c’est l’argument) et rappelons le régime de Habré a été renversé en décembre 1990 par l’actuel président Idriss Deby Itno, avec l’aide massive du gouvernement français de l’époque et des troupes françaises présentes dans ce pays.
Aujourd’hui encore on se pose des questions sur la présence militaire française au Tchad et de leur statut. Il n’y a pas une définition juridique sur cette présence !
On est tenté de dire que ce sont les gouvernements français qui décident de l’avenir du pays et choisissent celle ou celui qui va le diriger.
Au début des années 90 le gouvernement français nous annonçait la fin de la dictature en Afrique. Après presque 20 ans, force est de constater qu’il n’y a pas eu de progrès. Sur 54 pays on n’en compte même pas une dizaine : Le Congo, la Centrafrique, la Mauritanie dernière en date et bien d’autres, ont choisi d’élire leurs dirigeants par les urnes. Mais malheureusement ces présidents élus par la voie des urnes ont subi des coups d’Etats voire renversés militairement sous les yeux de la Communauté internationale, de l’Union Européenne et l’Union Africaine.
Ce qui est très grave encore, après une certaine mascarade de condamnation de quelques jours ces Institutions ouvrent la voie aux putschistes et les reconnaissent comme chefs d’Etat. Un peu un plus tard on leur demande d’organiser des simulacres d’élections qu’ils appellent “ libres et transparentes “.
Les mandats terminés ça sera alors l’amendement des constitutions où le président en exercice gagnera sans faute et restera un président à vie. Par ailleurs, l’Union Africaine dans ses dispositions dit ne pas reconnaitre le changement par la violence. C’est une opinion à saluer. Or 90% des dirigeants du continent africains se sont installés au pouvoir par la force, n’ont jamais donné l’occasion à une alternance démocratique et n’ont pas la volonté de le quitter. La démocratie avait triomphé au Kenya et au Zimbabwé; Rail Odinga et Morgan Tshangarai ont tous deux gagné les élections dans leur pays respectifs. On connait la suite.
Au Tchad, la démocratie à l’instar de ces pays n’a pas eu la chance de voir le jour.
Le pays est dirigé par une dictature féroce sanguinaire et corrompue où le Président a droit de vie et de mort sur tous les citoyens.
Il est le seul à avoir le droit sur toutes les dépenses de biens publiques du Tchad : contrats, nominations, engagement du pays sans études ni réflexions moyennant quelques millions de dollars.
Les partenaires de ce pays nous disaient qu’ils reconnaissent la mauvaise gouvernance de l’actuel régime mais il n’y a pas non plus une alternative crédible au niveau de l’opposition.
De point de vue des certains observateurs après Deby c’est le chaos. On se demande de quel chaos s’agit – il ? Le pays est depuis longtemps dans le chaos : les affaires du pays sont gérées de façon catastrophique. L’opposition existe, malgré certaines imperfections et sa faiblesse de ne pouvoir prendre une position commune vis-à-vis du danger qui guettait le pays. Elle a besoin de s’unir afin de faire face à la situation et pourrait peut-être chercher des voies et moyens pour s’en sortir de la crise.
Il a fallu 48 heures au gouvernement français pour trouver les mots adéquats et réagir à la prise du pouvoir par la force par les militaires mauritaniens. Pourtant, lors des combats entre Deby et les rebelles de l’Est à N’djaména, les "gymnastes" francais étaient plus agités au point d’aller jusqu’à mobiliser les Nations - Unies. Pour quoi ce « deux poids, deux mesures ? ».
Pour le gouvernement français, ou plutôt pour quelques politiciens français, la Mauritanie n’est pas très intéressante. Quel que soit le changement qui se produit,
l’influence du gouvernement français sur la nouvelle administration mauritanienne est intacte. Le cas du Tchad pourrait être tout autre. Derrière les rebelles tchadiens, aussi bien les Français
que les Occidentaux ne voient pas le Soudan mais plutôt la Chine et l’Islamisme.
Néanmoins , aucun mouvement tchadien n’a à faire avec la chine ou l’Islamisme et tous les observateurs le savent parfaitement. Les rebelles tchadiens n’ont aucune tendance islamiste. C ‘est un faux problème et c’était aussi l’argument de Deby soutenu par le tandem Sarko – Kouchner. L’affaire Arche de Zoé et la disparition de Ibni-Oumar Mahamat Saleh illustrent ce cliché.
Le gouvernement français pour faire oublier la disparition de Ibni Oumar Mahamat Saleh a fait pression sur Deby pour qu’il accepte l’entrée au gouvernement de quatre figures de l’opposition dont Kamougué et Alingué. On dit que Kamougué a accepté son entrée dans le gouvernement moyennant une grosse somme versée au préalable.
On ne cesse de nous parler de guerre par rebelles interposés entre le Soudan et le Tchad. Mais vu de près, on se rend compte que la Chine et les Occidentaux d’une part, et les Arabes et Israël d’autre part, se font une guerre par pays interposés dans cette région d’Afrique. Les perdants dans ces conflits ne sont ni El Bechir et Deby, ni Chine et France/USA, ni les Arabe/Israël. Ceux qui souffrent ce sont les populations soudanaises et tchadiennes et surtout celles habitant la région frontalière. Kouchner et Sarkozy ont dejà atteint leur but. Leurs troupes sont à un millier de km de Khartoum. L’Etat juif pourrait bouter hors du pouvoir le régime islamiste soudanais en soutenant le mouvement d’opposition islamiste lui ausi qui est le MJE.
Dans ce contexte, les Africains sont très loin de la démocratie et le monde occidental en tant qu’acteur au nom de l’humanité devrait réviser ses positions en Afrique : cesser de soutenir les dictateurs et encourager l’émergence de la démocratie et les droits de l’ Homme…
Youssouf Hamid