TCHAD : JAMAIS L'UFR NE RENVERSERA DEBY
Les masques commencent par tomber bien avant le début des hostilités pour tenter, une nouvelle fois, de renverser Déby par la force des armes. La nomination de Timan Erdimi comme chef unique
de la rébellion n'est pas de nature à plaire à certains Tchadiens, appartenant à d'autres clans. Eh oui ! Nous sommes sous le règne des FAN (Forces Armées du Nord) et tout doit
fonctionner par la logique des clans. Certains articles publiés sur des sites claniques en disent long : Sur le site Ambenatna, un certain Professeur Ali Souleymane (professeur en conneries,
certainement), se permet de nous balancer ce titre aussi pompeux qu'insultant à l'égard du peuple tchadien meurtri. Il dit : "le peuple tchadien ne semblerait pas prêt à recevoir les jumeaux
Erdimi comme président du Tchad". Sur le même site, Mahamat Abakar écrit : "vous avez dit consensus ?" L'auteur de cet article tente de démontrer que la place de Timan Erdimi est ailleurs,
surtout pas à la tête de l'UFR. Toujours sur le même journal Ambenatna, Abdramane Seck, depuis N'Djaména, fait sonner un même son de cloche, en arguant que "l'incroyable s'est produit, Erdimi
président de l'UFR". Zoomtchad à son tour, souligne que Erdimi a de "lourdes, complexes et difficiles responsabilités". Tous ces articles écrits par des gens qui appartiennent
visiblement à un même clan, expriment très haut ce qui se passe au sein des différentes tendances issues des Forces Armées du Nord. Depuis que Déby a renversé Habré, Goranes et Zaghawa ses
regardent en chiens de faïence. Les Goranes habréistes pensent qu'après le Zaghawa Déby, c'est leur retour en force au pouvoir. Mahamat Nouri était donc l'homme attendu comme président
de l'UFR par ces gens. L'écartement de ce vieux guérillero professionnel fait logiquement grincer les dents à ceux qui se frottaient les mains alors que Déby n'est même pas encore
renversé !
Et pourtant, la plate-forme brièvement présentée par les rebelles est assez alléchante : après une victoire sur Idriss Déby, un gouvernement de transition
sera mis en place pour organiser des élections dans un délai très court. Les rebelles ont donc promis de redonner la parole au peuple tchadien. Logiquement et honnêtement, les rebelles
n'entendent pas confisquer le pouvoir comme Déby si l'on peut se permettre d'avoir confiance en leur plate-forme. Mais... le mécontentement général dans le camp Nouri-Habré
traduit l'ambition réelle des rebelles : il s'agit d'une course au pouvoir entre Zaghawa et Goranes. Les uns et les autres rêvent de confisquer le pouvoir à leur tour, pour piller,
tuer et brûler, selon la même méthode des FAN, mise en place par Hissein Habré. Cette semaine, RFI qui est revenue sur les événements de février 2008, souligne "l'incapacité des
deux chefs rebelles (Nouri et Erdimi, NDLR) à se mettre d'accord sur l'issue d'une éventuelle victoire n'aidera sans doute pas leurs troupes". Honnêtement, si l'ambition des rebelles était
de renverser Déby pour redonner la parole aux Tchadiens, la nomination de Erdimi ne devrait pas faire couler tant d'encre. N'importe qui peut donc logiquement être chef de l'UFR pour mener à la
victoire sur les troupes de Déby. Mais leur discours sur la démocratie, les élections... après la chute de Déby est un leurre. Ils sont de véritables parjures. Ils feront
comme Habré et Déby. Hier, ils étaient réunis autour de Habré contre les Sudistes. Après la conquête du pouvoir, ils constituent des clans qui se retournent les uns contre les autres et cela dure
depuis 30 ans ! Mais la fin n'est pas pour demain. Les acteurs des différents clans qui veulent nous diriger se sont entendus pour ne pas s'entendre. Ils ont juré que de leur vivant, il n'y aura
jamais de paix au Tchad. C'est une utopie que de croire que la paix viendra un jour dans ce pays avec ces gens. Avec n'importe quel président, même démocratiquement élu, ces va-t-en guerre
seront toujours prompts à ramasser les armes en direction de l'Est. Et oui ! Mêmes les élections démocratiques et transparentes ne mettront pas un terme aux guerres cycliques au Tchad. La guerre
est un moyen de vivre pour les différents clans issus du CCFAN. Quelle serait la place d'un Déby, ou d'un Nouri par exemple sous un régime démocratique sorti des urnes ? Sous un régime
démocratique, ces gens seraient jetés dans la poubelle de l'histoire s'ils ne sont pas en prison pour tous les crimes qu'ils ont commis et qu'ils continuent de commettre. La guerre devient
donc le seul moyen d'exister, de s'enrichir. C'est la raison pour laquelle, les uns et les autres, aussi bien Déby que les rebelles privilégient les armes comme seul moyen de dialogue,
excluant tout autre possibilité de règlement du conflit qui mine le Tchad depuis plusieurs décennies : oui, ils se sont entendus pour ne pas s'entendre.
Sans être dans les secrets des dieux, on peut déjà tracer les grandes lignes des futurs événements qui nous attendent : si par miracle, Déby venait à être
évincé du pouvoir par l'UFR, N'Djaména ne connaîtra pas une seule semaine d'accalmie : les troupes de Nouri et de Erdimi vont à nouveau s'entrer dedans pour la conquête et la confiscation du
pouvoir. Cette situation peut aboutir à une guerre civile entre Goranes et Zaghawa. On comptera des dizaines voire des centaines de cadavres... Mon Dieu ! Epargne-nous d'une telle horreur.
Revenons quand même sur les mécontentements exprimés ici et là après la nomination de Timan Erdimi : Déby n'est pas encore renversé, mais on se dispute déjà
sur le fauteuil présidentiel, non encore vide. Déby n'est pas prêt à laisser son fauteuil, aussi facilement. Déby n'est pas Habré, pour plier bagages et ramasser les jambes au cou, alors que
l'ennemi est encore à 600 km de la Capitale. Déby ? Il faut le tuer pour lui prendre son fauteuil. Alors pourquoi se disputer sur ce qu'on n'a pas encore acquis ? Camarades ! Revoyez
votre stratégie ! Ce n'est pas en vous divisant avant d'attaquer que vous renverserez Déby ! On ne vend pas la peau de l'ours Déby avant de l'avoir tué ! Déby peut alors dormir encore
tranquille.
Une question à Mahamat Abakar, le responsable du blog Ambenatna : Votre principe est : "Tout sauf Déby et le MPS". Alors pourquoi êtes-vous mécontents quand c'est
Timan Erdimi qui est élu président de l'UFR ? Il faudrait revoir votre principe. Je peux vous aider à le formuler ainsi : "Tout sauf Déby et le MPS, mais personne d'autre que Mahamat
Nouri".
Salut à tous !
BELEMGOTO Macaoura