12 Mai 2009
Les hurlements affolés -qui sont la caractéristique des gens pris de panique- les insultes ordurières -qui salissent ceux qui les profèrent et grandissent ceux à
qui elles sont lancées- les mensonges ultra-grossiers, etc. toute cette campagne hargneuse, haineuse et vulgaire qui tient lieu de programme politique gouvernemental, fait honte au Tchad, fait
honte à l’Afrique, et doit constituer une gêne profonde pour les gouvernements qui soutiennent la dictature de N’Djamena et sans doute créer de sérieux problèmes de conscience à beaucoup de
cadres qui collaborent avec le pouvoir MPS.
Ce comportement qu’on ne pourrait même pas qualifier d’enfantin, car ce serait faire injure aux enfants, a détruit la crédibilité de l’Etat tchadien ; et il faudra un long travail de redressement pour regagner cette crédibilité.
Les forces patriotiques, l’UFR en particulier, ne doivent à aucun prix s’abaisser à répondre sur le même registre et suivre les ténors du pouvoir sur ce terrain nauséabond.
Les partisans du régime, quelque soit leur erreurs, leurs manquements, et même leurs crimes, sont des Tchadiens, sont des êtres humains ; et nous ne devons jamais nous abaisser à les insulter comme ils nous insultent; sinon comment pouvons nous dire que nous luttons pour une réconcilier les Tchadiens et pour une meilleure gestion des affaires publiques ?
Nous devons, calmement et sereinement, argumenter, démontrer, clarifier, dénoncer aussi bien sûr, et surtout proposer.
C’est dans esprit que je me propose dans cet article, d’apporter quelques clarifications sur les déformations grotesques des mes propos par les média gouvernementaux.
Depuis ma nomination, il y a quelques jours, j’ai fait des interventions vérifiables à Aljazeera, RFI, et France24 service arabe entre autres. Quant à une « interview » qui est parue dans un journal en ligne soudanais, en lisant le document, on constate facilement que ce n’est pas une interview (sous forme questions-réponses) mais un article mélangeant mes propos (certains cités entre guillemets d’autres rapportés dans un style indirect) avec les commentaires et déductions de l’auteur de l’article et aussi avec des extraits d’autres sources ;le résultat est assez confus, il faut le dire.
D’où l’importance de ces quelques clarifications que je voudrais apporter.
Passons en revue quelques éléments de la propagande gouvernementale :
Acheikh Ibn-Oumar reconnaît la défaite de l’UFR, reconnait le bilan des combats fait par le gouvernement. Voici les propos que j’ai tenus à certains journalistes au téléphone, et que j’ai repris, de façon vérifiable sur le service arabe de la chaîne France 24 , dans l’émission « face à face », du lundi 11 mai : « Le régime a enregistré une victoire médiatique et diplomatique, qui est l‘œuvre de la France et non pas son œuvre propre, mais il a connu une défaite sur le terrain militaire car les forces gouvernementales ont subi des pertes énormes alors que les forces de l’UFR sont pratiquement intactes tant sur le plan des effectifs que du matériel. » .
Quant au fait de reconnaître le bilan du gouvernement, voilà les propos que j’avais tenu à plusieurs journalistes qui m’avaient téléphoné : « Considérons que le bilan des pertes de l’UFR fait par le gouvernement soit vrai, mais même dans ce cas, les forces de l’UFR seraient encore très importantes ; puis que le régime et ses alliés français avaient dit au départ que l’UFR disposait de 400 véhicules et 4000 combattants ; en tenant compte du bilan gouvernemental de 100 véhicules détruits et 200 ou 400 combattants mis hors de combats , on se retrouve aujourd’hui avec une force de 300 véhicules et plus de 3500 combattants ; sans compter les autres unités de l’UFR qui n’avaient pas encore participé au combat. Voilà ce que la propagande de N’djamena appelle « Acheikh Ibn-Oumar reconnaît le bilan fait par le gouvernement »
Pourquoi j’ai parlé de « victoire médiatique et non militaire ? », c’est par ce qu’une chaine de télévision française à montré des images de prisonniers et de blessés, y compris celle de notre camarade, le noble et courageux colonel Mahamad Hamoda, (le véritable vainqueur moral de ces combats), tout en évitant de filmer les scènes de débandade gigantesque des gouvernementaux et les centaines et centaines de blessés à Abéché, N’Djamena, etc, alors que du côté de l’UFR nous n’avons pas une couverture journalistique permettant de montrer les images de notre camp, images qui auraient pu tourner en ridicule la propagande du régime. C’est une lacune que je reconnais.
Acheikh Ibn-Oumar a reconnu que c’est le Soudan qui a poussé l’UFR à l’offensive.
Voilà comment j’ai eu à parler de l’implication du Soudan, notamment sur la chaîne Aljazeera, le vendredi 08 mai , et répété à plusieurs occasions: « le gouvernement Déby accuse le Soudan d’immixtion dans les affaires intérieures tchadiennes, alors que c’est ce même gouvernement tchadien qui avait demandé au Soudan de co-parrainer avec la Libye, les accords de Syrte d’octobre 2007 et de faire partie de la commission militaire mixte chargée du cantonnement des forces de l’opposition et de leur intégration. Contrairement à la propagande de N’Djamena, ce n’est pas l’opposition qui avait violé les accords de Syrte mais le régime Déby. Il a commencé par diviser les rangs de l’opposition en achetant quelques ralliés avant le début des mécanismes d’application, refusé la constitution de la commission militaire et a envoyé à la place, une délégation de l’ANS à Khartoum demandant aux autorités soudanises de faire une action commune pour désarmer les forces de l’opposition à la frontière tchado-soudanaise et en livrer les éléments à N’Djamena. Après avoir essuyé un refus, car c’était contraire à l’Accord de Syrte, le régime de N’Djamena s’est mis à crier à tue-tête que le Tchad est victime d’une agression soudanaise. Et d’après certaines informations, dans les récentes discussions de Doha, le régime de N’Djamena avait encore réitéré cette proposition d’action conjointe de l’Arrmée tchadienne et l’Armée soudanaise pour désarmer les forces de l’UFR, et n’ayant pas eu gain cause, il a relancé de plus belle la campagne sur la prétendue agression soudanaise » Voilà, ce qu’ils appellent « Acheikh Ibn-Oumar reconnait l’agression soudanaise ».
Il est impossible de relever toutes les incohérences, les contrevérités et les insultes déversées à longueur de journée par le pouvoir de N’Djamena, je voulais simplement apporter ces clarifications à titre d’exemple.
Mais ce n’est pas cela le plus important.
Les questions qui préoccupent les Tchadiens sont les suivantes :
Quelle est la situation actuelle sur le terrain ?
Y aura-t-il des combats dans l’immédiat ?
Que propose l’UFR à l’avenir ?
LA SITUATION SUR LE TERRAIN : l’UFR conserve au bas mot 90 % de ses potentialités opérationnelles, sans compter les unités qui étaient en voie d’organisation ; et les ralliés et nouveaux volontaires qui arrivent régulièrement. Ces forces, après la bataille dans la région d’Am Dam, se sont redéployées dans leurs bases arrières dans le Dar Sila et le Salamat.
Y’AURA-T-IL DE NOUVEAUX COMBATS DANS L’IMMEDIAT ?.
Le régime ne va peut-être pas attaquer car sa propagande va s’écrouler : en attaquant il va prouver que l’UFR n’avait pas été anéantie. De plus, sur le plan purement militaire, la débandade des gouvernementaux est telle qu’il n’y aura pas beaucoup de volontaires. Par contre l’UFR pourrait passer à l’offensive si les bombardements aériens reprennent, surtout si des civils sont touchés, et si la communauté internationale ne fait rien entretemps pour amener le régime à accepter la négociation politique ; évidemment d’autres facteurs purement techniques, qui sont laissés à l’appréciation de l’Etat-major de l’UFR peuvent intervenir et changer la ligne tactique.
QUELLES SONT LES PERSPECTIVES ?
C’est cela le plus important. Le gouvernement n’a aucune solution à proposer à part déverser des injures et des fanfaronnades et faire taire les voix discordantes par l’achat des consciences ou les assassinats.
Pour l’UFR, comme pour l’ensemble des forces patriotiques organisées ou non, le problème fondamental du Tchad est de nature politique et la solution ne peut être que politique, on l’ a dit et répété, dans le cadre d’un dialogue inclusif, impliquant tous les acteurs, armés ou non , de l’intérieur et de l’extérieur, avec des garanties internationales, débouchant sur un vrai consensus national viable.
Malheureusement, tant que cette solution politique n’est pas trouvée, les combats vont reprendre, tôt ou tard ; les rangs de l’UFR vont continuer à s’élargir ; car notre principal « sergent-recruteur » c’est le régime du général Déby lui-même, dont les éléments, depuis 18 ans, font subir les pires exactions, pillages, humiliations et massacres aux populations, surtout rurales, contraignant les jeunes villageois à rejoindre massivement l’opposition.
Nous ne faisons pas la guerre par amour de la guerre.
Nous aimons la paix. Mais le pouvoir débyste déteste la paix.
Le jour où ce pouvoir aura ne serait-ce que 10% de notre amour pour la paix et la patrie, la solution politique sera trouvée. Dans tous les cas,
avec ou sans ce pouvoir, le Tchad finira par connaitre la paix, et l’unité. Il faut y croire, il faut le vouloir.
Acheikh Ibn-Oumar,
Fait ,le 12 mai 2009