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13 Août 2009
Rien qu’en observant les différentes photos des
membres du gouvernement, des officiers de l’Armée nationale tchadienne ainsi que celles des différents détachements militaires et paramilitaires prises le mardi 11 août 2009 à l’occasion du
49ème anniversaire de l’indépendance du Tchad, prouesse du célèbre photographe de Deby et publiées sur le site de la présidence, on se fait facilement une idée de la situation
calamiteuse dont vivent les Tchadiens. Le journaliste commentateur en tentant de masquer l’ambiance d’un régime autoritaire qui saute aux yeux ne se rend pas compte qu’une lecture attentive des
images permet de contredire toutes ses louages qui n’étonnent plus personne.
Au contraire on note des images qui révèlent plutôt une armée en détresse et rongée par une pauvreté paralysante et prisonnière d’un homme et son clan. Sans aucune volonté de nuire, le journaliste utilise des mots qui révèlent le caractère répressif du régime actuel en déclarant que le président de la République, chef de l’Etat, chef suprême des armés, s’est tenu débout pendant toute la durée du défilé pour apprécier les talents de différents détachements de l’armée. Alors que c’est tout à fait le contraire que l’on constate à travers les différentes photos montées en toute âme et conscience par la rédaction du site présidentiel.
Idriss Deby Itno trône royalement dans son fauteuil, le regard tourné vers la caractérielle et inquiétante indigène silhouette d’Hynda, sa conseillère d’épouse. Et même si le chef de l’Etat s’est tenu débout pendant toute la durée du défilé, c’est parce qu’il voulait nous faire croire qu’il est en parfaite santé, puis c’est aussi une façon d’affirme qu’il est le « roi-destructeur » à la commande de tout sauf à l’essentiel à la manière du défunt président le maréchal(Aigle du Kawele) Mobutu Sesse Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga de l’ex-République du Zaïre( aujourd’hui rebaptisée République Démocratique du Congo) qui s’identifie de son vivant au léopard en portant une tope en peau de ce prédateur jusqu’à la date de son départ forcé de la scène politique. Le même journaliste parle d’une population sortie nombreuse pour la circonstance, pour apporter son indéfectible soutien à l’armée nationale qui a toujours défendu, en toute loyauté, l’intégrité territoriale. De quelle intégrité nationale, parle-t-il ?
Lorsqu’il s’agit des conflits à répétition opposant des frères tchadiens entre eux. Rien à voir avec l’épopée victorieuse de l’armée Tchadienne en 1987 contre l’envahisseur libyen. Sur le même site présidentiel, à part les invités exposés au soleil ardant du sahel, sur une tribune indigne d’une République pétrolière et l’un de plus grands pays d’élevage en Afrique, on ne voit quasiment personne et cette absence filmée et démontrée volontairement par le Photographe nous fait dire que le peuple tchadien est bel et bien privé de ses libertés et droits de vivre heureux dans son propre pays.
La photo de Deby et de son épouse montrent des personnes qui tentent d’attraper le diable par la queue en jouant en même tant avec le feu, puisqu’ils prétendent maîtriser la situation sur l’ensemble du territoire et se considèrent propriétaires du Tchad et de tout son peuple. Bravo au journaliste commentateur et son photographe qui nous ont montré une cérémonie riche et haut en couleurs et en images mais pleine d’illusions en présence des membres du gouvernement, des différents corps militaires, des présidents de grandes institutions de la République, de leur « tantine-conseillère » Hynda et enfin de leur « gourou » Idriss Deby Itno.
On peut encore féliciter la rédaction du site présidentiel d’avoir déplacé le sens de la cérémonie commémorant en principe l’anniversaire d’accession à l’Indépendance de la nation tchadienne, en nous montrant le déclin d’un régime tortionnaire et sanguinaire, qui toutefois n’abandonne jamais son macabre dessein planifié d’assassinats et de la culture du népotiste et de la corruption érigés en système d’Etat qui a noyé les vertus de trois pouvoirs et la fierté du peuple tchadien. Le temps devient insupportable pour le peuple avec l’absence d’une opposition digne et responsable dans la mesure où ses figures emblématiques sont tombées bêtement dans le piège de soie politique du patron du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) à la manière d’araignée argiole qui enroule tout insecte ou criquet grâce aux fils collants en le tenant prisonnier.
Tous les fondateurs des partis d’opposition qui sont actuellement membres de son gouvernement sont maintenant contraints d’y rester puisqu’aucune machine politique ne peut pour le moment les libérer. Quelques opposants qui se croient à l’abri ne peuvent plus oser défier le pouvoir par peur de perdre leur vie et laisser orphelins et veuves. Ils préfèrent se taire ou s’exprimer à travers des canaux extérieurs. Le peuple est abandonné à son triste sort et ne sait plus à quel saint se vouer. Voilà la misère d’un pays dirigé de main de maître par un homme cupide qui utilise allègrement les revenus pétroliers pour l’achat des équipements militaires au grand dam de la banque mondiale, incapable de freiner les ardeurs machiavéliques de ce tyran..
Certains opposants vous diront qu’ils ne peuvent rien face à une longue traversée du désert qui les contraint à succomber face à la main-tendue empoissonnée. D’autres craignent des représailles orchestrées par les services de l’agence nationale de sécurité, responsables de traquer toute personne mettant à rude épreuve les dérives gouvernementales. Le commun de mortel trouve l’opposition peu crédible à cause de leur comportement de caméléon ou de la chauve-souris qui vole dans tous les sens pour cerner le danger.
Les leaders de l’opposition qui partagent actuellement le gâteau de la manne pétrolière, ont vite fait d’oublier la promesse faite au peuple de mourir pour les convictions qu’ils défendent. Beaucoup de tchadiens se demandent encore ce qu’ils feront à l’approche des prochaines consultations électorales. N’auront-ils pas honte de revenir solliciter la confiance et les suffrages de ceux qu’ils ont lâchés au profit de « l’argent noir et sale » de ce régime ?
Il est vrai que beaucoup de Tchadiens ont assassiné la honte, mais qu’ils sachent l’Homme meurt, mais les mots demeurent. Si aujourd’hui Deby et ses enfants de chœurs se considèrent plus puissants que le volcan, ils ne sont rien devant un destin fatal de chaque humain. L’anniversaire de l’indépendance du Tchad vient de passer sans grande liesse populaire, ni un torrent des lettre de félicitation des chefs d’Etat des pays amis ou entretenant simplement de bonnes relations diplomatiques.
C’est étonnant d’une part et d’autre part ce geste signifie que la Nation tchadienne existe de façon formelle mais pratiquement elle est loin de faire l’unanimité et de s’inscrire convenablement dans le concert des nations. Cette analyse n’est qu’un point de vue. A chacun de jeter un regard critique sur le devenir du Tchad à partir de l’expérience vécue depuis l’indépendance jusqu’à nos jours.
prix lorenzo Natali 2006
Blog "Regards D'Afrcains de France"