10 Janvier 2011
DJIDDI ALI SOUGOUDI
LA SAUVAGEONNE DE
DJOURAB
GRAND PRIX DES NOUVELLES DU TCHAD 2010
NOUVELLE
C’était à l’endroit où le bout terminal de l’oued Arrala venait mourir à l’orée des ergs de Djourab. Les dunes, imbibées d’eau, s’érigeaient en face. Les buttes de sable ne mouvaient ni ne mugissaient, devenues fixes et muettes par le trop-plein d’eau de la dernière pluie diluvienne qui s’abattit sur cette contrée d’habitude trop aride. Des mares d’eau de pluie, grouillaient des vies éphémères. Des outardes et d’hérons en migration y faisaient leur halte. Les arbres, de routine malingres et déshérités, devenaient touffus et se couvraient des fleurs. Des papillons multicolores et des abeilles butineuses voltigeaient aux cimes des plantes. Un concert de batraciens chahuteurs berçait sans cesse l’atmosphère d’Arrala. De temps en temps des perdrix cacabaient, couvrant les stridulations continues des grillons. Le musc des végétaux en floraison se mêlait aux émanations de la terre mouillée. Un gazon naissant envahissait partout et s’étendait au-delà des éminences de sable.
Un bolide à quatre roues, de type land-rover, jonché d’hommes en treillis, se frayait un chemin entre les flaques d’eau et remontait vers le Nord, mettant le cap sur l’oasis de Faya. Le bruit du moteur faisait taire par endroit le concert des pélobates et des insectes. L’engin motorisé traversa poussivement le lit fangeux de l’oued Arrala et abordait le versant sud d’une dune grasse.
Tout à coup une harpaille d’une vingtaine de gazelles détala, à la vue de la voiture, au triple galop. Les animaux grimpèrent sur la crête de la dune et firent une halte sommaire. Puis la harde dévala l’autre versant et se perdit momentanément derrière la bosse dunaire
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