4 Avril 2008
On va faire un tour d’horizon sur le passé. Que devient Goukouni Oueddeye ? Politiquement que représente-t-il actuellement ?
Goukouni Oueddeye, en tant qu’ancien Chef d’Etat est réfugié en Algérie. Il a son mouvement qu’il continue de diriger.
Lequel ?
Le Frolinat. Depuis quelques mois, il a pris des initiatives pour la paix au Tchad. Cela l’a conduit au Gabon où il a été reçu par El Hadj Omar Bongo Ondimba, au Tchad aussi, mais accompagné par une délégation des autorités gabonaises. Tout cela est, cependant, resté lettres mortes parce tout simplement Déby ne respecte pas ses engagements. Il essaie tant bien que mal avec d’autres leaders de réactiver le processus de Libreville. Mais, je crois que cela n’ira pas très loin, car Déby ne comprend que le langage des armes. Il faut bien le griffer peut-être en ce moment, il sera obligé d’accepter de négocier.
Et Hussein Habré. Depuis un certain nombre d’Ong s’activent becs et ongles pour le faire juger à Dakar. Qu’en pensez-vous ?
Hussein Habré est aujourd’hui au Sénégal et il y a des Tchadiens qui ont porté plusieurs plaintes contre lui. L’affaire est au niveau de la justice sénégalaise. Au début, c’est la justice Belge qui voulait le juger ; mais cela a été refusé par la communauté africaine. Et aujourd’hui, tout le monde attend que le Sénégal réponde au mandat qui lui a été confié par l’Union africaine. Il semble qu’il y ait des textes législatifs à modifier pour pouvoir permettre la tenue de ce procès.
Votre mouvement a-t-il aussi des liens avec le Soudan ?
Nous sommes des Tchadiens et nous avons à nos frontières des Soudanais, des Camerounais, des Libyens, des Nigériens. Donc, le Tchad et le Soudan sont condamnés à vivre ensemble. Ce sont deux pays qui ont des relations de longues dates. A ce niveau, nous avons de très bonnes relations avec le Soudan.
C’est une allusion au conflit Soudano-Tchadien au moment où vous-mêmes êtes en train de mener une résistance contre le Président Tchadien ?
On ne doit pas cacher certaines facilités de mouvement dans notre frontière avec le Soudan, mais nos forces sont basées au Tchad. Et on détient exclusivement le matériel de l’armée tchadienne, puisque ce sont des officiers et même ceux de la garde présidentielle qui ont déserté avec armes et bagages pour venir chez nous. Le stock de l’opposition vient de l’armée nationale. Même ce matin (Ndlr, mardi 2 avril 2008), trois chars ont été détruits à la frontière soudanaise par les forces armées de l’opposition sur le terrain.
Vous venez d’assister à Dakar au Festival de Tabital Pulaagu. Pourquoi ?
Je suis Poulo de mère et de père, il est donc normal que quand les Foulbés se retrouvent quelque part que je puisse me retrouver avec eux pour savoir ce qui se passe dans la communauté. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois. Je fais partie de ceux qui ont rédigé les statuts et le règlement intérieur de Tabital Pulaagu à Niamey. J’ai aussi assisté à la naissance de cette association internationale en 2002, à Bamako. J’ai été également au Nigeria, en Belgique l’an dernier pour cette association. Partout où on me dit que la communauté Pulaar se réunit, j’y irai parce que, tout simplement, je suis peulh. Je veux aussi éviter à mes enfants ce qui m’est arrivé. Au Tchad, précisément, à Fort-Lamy, je suis né dans un environnement non Halpoular. Je parle à peine la langue et je ne veux pas que cela arrive à mes enfants. Je ne veux également pas que cette langue qui nous est si chère disparaisse sous peu. Je souhaite qu’elle soit codifiée ; c’est-à-dire, harmonisée au niveau des différents dialectes du Mali, de la Guinée, du Sénégal…
N’est-ce pas du chauvinisme, du sectarisme... ?
Justement, je voudrais profiter de l’occasion pour dire aux africains non poularophones et qui prennent mal, l’objectif de notre association Tabital pulaagu, qu’ils considèrent cela comme un moyen d’enrichissement de la culture africaine. Et non, comme un facteur de division au point qu’ils s’en offusquent. Car, le patrimoine africain a besoin de toutes les cultures. D’ailleurs, pourquoi, ces amis ne sont-ils pas choqués des réunions de la francophonie qui se tiennent quelque part dans le monde. D’autant plus que l’Ua a prévu dans ses programmes l’enseignement des langues nationales pour qu’elles puissent être exprimées lors des grandes rencontres africaines. Autant, nous devons parler les langues internationales, autant nous devons parler les langues nationales à nos enfants, surtout à ceux de la diaspora. Je pense qu’on doit garder tout ce qui est positif de notre culture, mais aussi prendre tout ce qui est positif dans d’autres cultures.
AD/FC et AT/FC